1965 — 1980

Les racines
de l’engagement

Un acte fondateur face à l’urgence sociale.
Dans une France en pleine mutation, l’association pour l’Accompagnement, le Mieux-être et le Logement des Isolés (AMLI) est créée pour offrir une réponse spécifique au logement des travailleurs migrants. Une initiative pionnière, portée par Maurice Becker avec la volonté d’accueillir dignement les publics vulnérables.

Maurice Becker, directeur de la Mosellane d’HLM créé AMLI avec un seul objectif : « Mettre en œuvre tous les moyens appropriés pour faciliter ou procurer aux travailleurs ou retraités isolés, aux jeunes, aux apprentis ou étudiants un logement répondant à leurs besoins et les services que nécessite leur situation. »

Maurice Becker se souvient que la question des travailleurs migrants fut posée pour la première fois en 1959. Les travaux engagés par la SOLLAC à Grandrange allaient durer trois ans sur un chantier nécessitant la présence de 600 à 800 ouvriers migrants.

Extraits de recherches proposés
par Laurette Michaux, historienne

1967

Répondre aux besoins de logements
des travailleurs migrants

Construits à la demande des entreprises sidérurgiques du sillon Mosellan, l’association AMLI répond à un vrai besoin d’hébergement. Après le foyer de Florange et de Rosselange en 1966, un nouveau foyer est créé à Hayange un an plus tard dont le fonctionnement est confié à AMLI. Le succès est immédiat !

« Les travailleurs étrangers sont immortels parce que continuellement inter-changeables. Ils ne sont pas nés. Ils ne sont pas élevés. Ils ne vieillissent pas, ils ne se fatiguent pas, ils ne meurent pas. Ils ont une fonction unique : travailler. »
J. Berger, J. Mohr, Le septième homme, 1976

 

 

Paroles de vieux !
Chibani, Foyer de Florange.

 

Les Hauts-Fourneaux du sillon Mosellan

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La création d’AMLI en 1965 avait répondu à un réel besoin, en relation évidente avec l’expansion des industries sidérurgiques. Celui-ci continua de se manifester avec vigueur à l’aube des années 1970, car les vallées usinières de l’Orne et de la Fensch continuèrent d’enregistrer un fort courant d’immigration.

1973

À l’origine des CADA

En 1973, est créé le « dispositif national d’accueil » (DNA) avec les premiers centres provisoires d’hébergement (CPH) pour accueillir notamment les réfugiés chiliens fuyant le coup d’État de Pinochet.

En 1975, l’État délègue à l’association France terre d’asile (FTDA) la coordination du dispositif qui concerne également les réfugiés du Sud-Est asiatique (Boat people) et s’élargit aux autres origines. AMLI est sollicité en 1975 par le préfet de Moselle pour accueillir des réfugiés.

AMLI vers un nouveau public,
par Laurette Michaux, historienne.

 

« On ne peut cependant pas évoquer cette phase de croissance de l’association sans mentionner l’intervention du préfet de la Moselle pour orienter AMLI vers un nouveau public. »

Les foyers de l’intérieur

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Création d’une cuisine centrale à Hayange. L’attention se porte alors davantage sur les conditions de vie au quotidien des résidents. D’ailleurs si le sigle d’AMLI ne subit aucune modification, sa signification change. Le « M » qui abrégeait le mot « Mosellane » est remplacé par le « M » de Mieux-être et donne ainsi « l’Association pour le Mieux être et le Logement des Isolés »

Paroles de travailleurs sociaux.
Maryse Carballo.

 

« Le phénomène du retour de certains immigrés au pays contribue à accélérer ce processus de transformation. Outre les réfugiés, AMLI s’ouvre ainsi à d’autres publics : les personnes âgées, les sans-abri et les personnes en situation précaire. »

1980

Une réponse adaptée
aux réalités

Dès la fin de l’année 74, la sidérurgie est en crise et sur presque 20 ans, en restructuration permanente, elle continue de licencier et de pré-retraiter.

 

La conjoncture change et la sidérurgie lorraine passe brutalement de 77 500 salariés en 1975 à 48 500 à la fin de l’année 1980. La société Sollac éteint ses hauts-fourneaux et arrête ses laminoirs à Hayange. Le flux de nouveaux venus se tarit mais il reste des milliers de personnes dont une partie d’hommes au chômage. Des hommes sans attache familiale, redoutant la solitude choisissent le foyer ce qui leur permet d’envoyer leur salaire à leur famille restée au pays.

 

Avec la guerre des Balkans et du Sud-Est Asiatique, l’association répond aux urgences, adapte ses hébergements et développe de nouveaux services. Ainsi, en 1981, le foyer de Metz à Blida héberge, nourrit et aide près de 700 réfugiés en provenance du Vietnam, du Cambodge, du Laos et de la Chine. Deux centres de réfugiés de 50 lits chacun ouvrent en septembre 1981 à Rosselange et Fameck.

La revue de presse

Pourquoi l’immigration ?

Vincent Ferry, historien

 

« Est étranger, celui qui n’a pas la nationalité́ française.» La définition la plus simple est celle-ci ; mais est immigré celui qui a migré. C’est-à-dire qu’immigrer, cela implique : on part d’un pays et on arrive dans un autre et on s’y installe pour une durée légale supérieure à 3 mois – cela est la norme internationale –immigrer c’est quelque chose qu’on va porter en soi tout au long de sa vie, bien qu’on puisse à un moment donné accéder à la nationalité́ du pays dans lequel on est. »

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de Vincent Ferry, historien.

L’immigration est un problème d’équilibre démographique.

Dans la région de la Lorraine en particulier, on est à quelques kilomètres de Verdun, une région frontière entre l’espace francophone et germanophone, entre le catholicisme et le protestantisme et qui a subi toutes les guerres à partir du XVème siècle, de manière meurtrière sur son territoire, jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Sous-peuplée historiquement c’est à partir du grand développement de l’industrie à la fin XIXème siècle, qu’elle va devenir une des régions en France et en Europe, qui va attirer le plus de populations étrangères.

Jusque dans les années 50, le travail dans les mines attire les premiers immigrés puis le travail dans les travaux publics et le bâtiment et enfin le travail de la métallurgie et en particulier de la Sidérurgie. Donc, dans ces 3 espaces en particulier il y a en Lorraine une concentration absolument incroyable d’immigrés et plus le travail est difficile, plus on trouve de la concentration.

Dans toutes les statistiques et les monographies retrouvées sur la Lorraine, on se rend compte que par exemple au fond des mines de fer on peut atteindre jusqu’à 90% d’Etrangers au travail. Au feu, dans les usines sidérurgiques on va trouver jusqu’à 75%, 80% d’Etrangers autour des hauts fourneaux et dans les laminoirs. Dans les années 60, les Biens de consommation apparaissent et l’on trouve làaussi une concentration d’immigrés, chez Peugeot à Sochaux, Citroën à Poissy ou Renault à Billancourt et dans certains ateliers, à de 80 à 90% d’Etrangers.

 

Synthèse écrite à partir de la communication
de M. Vincent FERRY Historien, Université́ de Metz.

Au cœur de la vie des Foyers

1970 - 1980

Création de nombreuses studettes dans les foyers AMLI. Fameck. Création de lieux de vie : salle à manger, salle de jeux et salle de télévision.